Mécanisme européen
de stabilité
Mécanisme européen de stabilité
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Région
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Création
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mi-2012
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Type
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Siège
|
Le mécanisme
européen de stabilité (MES)
doit être un dispositif européen de
gestion descrises financières de la zone euro qui
doit remplacer, en juillet 20121 au sein du Pacte budgétaire
européen, le Fonds
européen de stabilité financière et
le Mécanisme
européen de stabilité financière qui
avaient été mis en place en réponse à la crise
de la dette publique dans la zone euro. Ces dispositifs créent,
entre les États signataires, un fonds commun de
créances qui peut lever des fonds sur les marchés financiers pour un montant allant jusqu'à 500
milliards d'euros, afin d'offrir une aide d'urgence à un État qui se trouverait
en difficulté économique. Décidée au Conseil européen des 16 et 17 décembre 2010 à la suite de la crise
grecque, votée au Parlement le 23 mars 2011 et soumise à ratification dans
le courant de l'année 2012,
la création du MES vise à consolider et fusionner les FESF, limité à la zone euro, et MESF, limité à l'Union européenne.
Le statut intergouvernemental unique du traité par lequel le MES fut créé, la
conditionnalité de l'aide aux exigences du Traité sur la
stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG) et le droit de veto accordé de facto à l'Allemagne et
à la France ont
fait l'objet de nombreux débats, notamment en France lors du vote, favorable,
de l'Assemblée nationale.
Sommaire |
Historique
Origine
Après la crise
de la dette dans la zone euro qui
a conduit au renflouement des États membres de l'Union, il y eut des tentatives
de réformer le fonctionnement de la zone euro en
cas de crise. Cela a conduit à la création de mécanismes de renflouement :
le Fonds
européen de stabilité financière (FESF)
et le Mécanisme
européen de stabilité financière (MESF).
Ceux-ci, conjointement avec le FMI, ont pour objectif de renflouer les États
membres en difficulté. Toutefois, le FESF et le MESF étaient destinés à être
temporaires (jusqu'à fin 2013) car ces deux mécanismes n'avaient aucun
fondement juridique dans les traités de l'Union européenne.
Amendement du traité
Afin de résoudre le problème du fondement juridique, le gouvernement allemand a indiqué qu'un amendement au traité
serait nécessaire. Cependant, après la ratification difficile du traité de Lisbonne,
certains États et hommes d’État se sont opposés à une modification du traité,
notamment le gouvernement
britannique qui
s'opposait à des changements affectant le Royaume-Uni2,3. C'est finalement avec le soutien
duprésident
français que
l'Allemagne obtint l'aval du Conseil européen d'octobre 20104.
La proposition allemande demandait une modification minimale
visant à renforcer les sanctions et à créer un mécanisme permanent de
sauvetage. Cette modification minimale ne répondant toutefois pas à l'exigence
allemande de sanctionner les manquements des États par la suspension du droit
de vote. En effet, une telle exigence nécessiterait une modification plus
importante du traité.
Le 16 décembre 2010, le Conseil européen trouva un accord pour un
amendement de deux lignes au traité, ce qui permet d'éviter la tenue de
référendums. En effet, le Président du
Conseil européen Herman Van Rompuy a prévu d'examiner les changements à
travers la procédure de révision simplifiée (article 48-6 TUE)5 6. La modification change simplement
le traité sur le fonctionnement de l'Union européenne pour permettre l'instauration d'un
mécanisme permanent7.
Le 11 mars 2011, lors du sommet européen de la zone euro, les représentants
des États ont trouvé un accord pour signer un traité séparé8visant à doter ce mécanisme d'une
capacité d'intervention de 500 milliards d'euros9. Lors du même sommet, il a été
décidé que10 :
- le MES pourra accorder des prêts ou
acheter de la dette primaire des États sous réserve d'un accord unanime
des pays et dans le cadre de strictes conditionnalités. C'est-à-dire que
les États bénéficiaires devront s'engager à prendre des mesures précises
qui conditionneront l'octroi du prêt ou l'intervention sur le marché
primaire de la dette (c'est-à-dire sur les titres de dette nouvellement
émis).
- les prêts du MES bénéficieraient « du
statut de créance privilégiée, qui ne sera inférieur qu'à celui du FMI »
- un État insolvable devrait négocier
un plan de restructuration global avec ses créanciers privés dans le cadre
de clauses d'action collective (CAC) afin de revenir à un endettement
supportable. La question de la solvabilité d'un État sera examinée sur la
base d'analyses de laCommission
européenne, du FMI et de la Banque
centrale européenne
Le 23 mars 2011,
le Parlement européen approuva l'amendement de l'article 136
du TFUE (avec
un oui majoritaire à 81,9 %11) après avoir obtenu la garantie que
la Commission européenne,
et non les États membres, jouerait un « rôle central » dans le
fonctionnement du MES12, en regrettant dans le même temps
qu'elle n'ait pas été impliquée plus tôt13,14. Un troisième paragraphe a ainsi
été créé15,16. L'ajout est le suivant :
« The
member states whose currency is the euro may establish a stability mechanism to
be activated if indispensable to safeguard the stability of the euro area as a
whole. The granting of any required financial assistance under the mechanism
will be made subject to strict conditionality. »
« Les États membres dont la
monnaie est l'euro peuvent établir un mécanisme de stabilité qui pourra être
activé, si indispensable, pour préserver la stabilité de la zone euro dans son
ensemble. L'octroi de toute assistance financière requise en vertu du mécanisme
sera soumis à une conditionnalité stricte. »
Cet ajout a été effectué conformément à la procédure simplifiée
(article 48 du TUE). À ce titre, la révision ne peut accroître les compétences
attribuées à l’Union européenne. Cela explique que le mécanisme de stabilité
ait été « construit » en dehors du cadre juridique et institutionnel
de l’Union européenne, à travers la conclusion d’un accord intergouvernemental.
À ce titre, l'intégration très poussée des institutions européennes a conduit
certains à s'interroger sur la légalité de l'usage de la procédure simplifiée17.
Signature et ratification du
traité MES
Le 11 juillet 2011,
le Traité établissant le Mécanisme européen de stabilité a été signé par les
représentants des États membres de l'Union18.
Le 2 février 2012, une nouvelle version a été signée pour prendre
en compte tous les changements qui ont eu lieu depuis, notamment en ce qui
concerne la compatibilité avec les autres traités européens, les nouveaux
instruments du FESF, la participation exceptionnelle du secteur privé et le
passage du vote à la majorité qualifiée de 85 % selon les situations19.
Le 21 février 2012,
l'Assemblée nationale française a autorisé la création du MES par 256 voix
pour, 44 contre et 131 abstentions20, la majorité présidentielle votant
en faveur, les socialistes s'abstenant et les Verts, Front de Gauche, MPF, Debout la République21 et d'autres votant contre ce texte22.
Le 28 février 2012,
le Sénat a voté la recevabilité des textes de loi sur la création du MES par
169 voix pour, 35 contre et 138 abstentions (de nouveau les socialistes se sont
abstenus, seulement 3 d'entre eux auront voté contre)23.
Ce traité devrait entrer en vigueur en juillet 2012, soit un an
avant la date prévue initialement.
Fonctionnement
D'après ce traité, le Mécanisme européen de stabilité sera une organisation
intergouvernementale selon
le droit international public et siègera à Luxembourg. Le MES sera doté :
- d'un conseil des gouverneurs (le
ministre en charge des finances de chaque État membre) présidé soit par le
président de l'Eurogroupe soit par un président issu de ses
membres24. Les décisions sont prises avec un
quorum des deux tiers des membres disposant de droits de vote représentants
au moins deux tiers des voix. Les voix dont disposent les États sont
proportionnelles à leur participation au capital du MES25 ;
- un conseil d'administration nommé
par les gouverneurs. Il vote à la majorité qualifiée (80 à 85 % des
voix selon les cas) ;
- un directeur général nommé pour cinq
ans26 ;
- d'un capital autorisé fixé à 700
milliards d'euros dont 80 milliards d'euros versés immédiatement et le
reste sur cinq ans27 ;
- il ne s'agit de permettre au MES
d'emprunter pour se financer mais il est précisé qu'« aucun
membre du MES, ne peut, du fait de sa qualité de membre, être tenu pour
responsable d'obligations du MES » 28.
Contributions
Contributions au MES
|
||||
États
membres du MES
|
Pourcentage
des contributions
|
Nombre
de parts
|
Cotisation
(€)
|
|
Allemagne
|
27,1464
|
1 900 248
|
190 024 800 000
|
3 315 643
|
France
|
20,3859
|
1 427 013
|
142 701 300 000
|
2 582 527
|
Italie
|
17,9137
|
1 253 959
|
125 395 900 000
|
2 055 114
|
Espagne
|
11,9037
|
833 259
|
83 325 900 000
|
1 409 946
|
Pays-Bas
|
5,717
|
400 190
|
40 019 000 000
|
783 293
|
Belgique
|
3,4771
|
243 397
|
24 339 700 000
|
465 676
|
Grèce
|
2.8167
|
197 169
|
19 716 900 000
|
305 415
|
Autriche
|
2,7834
|
194 939
|
19 493 900 000
|
376 841
|
Portugal
|
2,5092
|
175 644
|
17 564 400 000
|
229 336
|
Finlande
|
1,7974
|
125 818
|
12 581 800 000
|
239 232
|
Irlande
|
1,5922
|
111 454
|
11 145 400 000
|
204 261
|
Slovaquie
|
0,824
|
57 680
|
5 768 000 000
|
86 262
|
Slovénie
|
0,4276
|
29 932
|
2 993 200 000
|
46 442
|
Luxembourg
|
0,2504
|
17 528
|
1 752 800 000
|
52 433
|
Chypre
|
0,1962
|
13 734
|
1 373 400 000
|
22 752
|
Estonie
|
0,186
|
13 020
|
1 302 000 000
|
19 220
|
Malte
|
0,0731
|
5 117
|
511 700 000
|
7 801
|
Critiques
Arguments en faveur du MES
Jürgen Stark,
économiste en chef de la Banque centrale
européenne, estimait devant le Parlement européen que les
discussions en cours pourraient conduire, à terme, à la création d'un
« ministère européen des finances »29. Cela passerait au préalable par la
création d'une entité « indépendante avec un mandat précis et un cadre
institutionnel fort »29. Selon lui, « des institutions
fortes et indépendantes au niveau de la zone euro et au niveau national
encourageraient la transparence et augmenteraient la pression pour mener des
politiques appropriées et pour contrecarrer d'éventuelles tendances à la
négligence des règles budgétaires par un État »29. Il a ajouté que les États membres
de la zone euro ne respectant pas les limites du déficit budgétaire et
sollicitant l’aide du MES, devront être placés sous « tutelle
financière »29.
Allemagne
Le ministre des Finances allemand Wolfgang Schäuble estimait le 24 octobre 2011,
« qu'un mécanisme permanent serait plus à même de rétablir la confiance
qu'une solution temporaire comme le FESF »30.
Finlande
La ministre Jutta Urpilainen a déclaré que la Finlande n'a pas
l’intention de consentir à une « crise financière permanente »N 1. Cependant, la Finlande s'opposait
à ce que le seuil de 85 % nécessaire à l’adoption d'acte selon la
procédure d'urgence créait un droit de veto de
factopour États membres dont la participation au capital du fonds dépasse
les 15 % (à savoir l'Allemagne et la France)31. La Finlande a finalement accepté
de faire des compromis, notamment car « si le fonctionnement du MES était
soumis à la règle de l’unanimité, cet instrument aurait été si rigide qu’il
n’aurait pas rempli son objectif »31.
France
Harlem Désir,
premier secrétaire délégué du Parti socialiste, a précisé les raisons de
l'abstention du Parti socialiste au vote adoptant le MES32. Il déclare que le Parti socialiste
est en faveur du MES mais qu'il conteste « le lien entre le MES et le
traité budgétaire »32. Pierre Moscovici considère que le MES serait
indispensable « pour stabiliser la zone euro » et garantir une aide
financière aux États membres en difficultés33. La délégation socialiste française
au Parlement européen a appelé de ses vœux et approuvé le Mécanisme européen de
stabilité, avant l'introduction d'un lien avec le traité budgétaire, tout en
émettant plusieurs critiques, notamment sur les moyens dont le MES dispose.
S'exprimant sur le Conseil européen de décembre, Catherine Trautmann a notamment déclaré : "Pour faire face à
l’urgence, les mesures concrètes sont, toujours, insuffisantes. La force de
réaction de l’Eurozone reposerait ainsi sur le Mécanisme Européen de Stabilité
(MES) et le renflouement du FMI à hauteur de 200 milliards euros. Le MES, dont
la mise en œuvre serait anticipée d’un an, en juillet 2012, aurait une capacité
de prêts de 500 milliards d’euros. C’est trop peu, et trop tard : aucun
accord n’a été trouvé pour augmenter ses ressources, ni pour le doter d’une
licence bancaire comme nous le préconisons. Début 2012, l’Italie et l’Espagne
devront recourir à de nombreux emprunts : nul ne sait s´ils trouveront
preneurs et à quels taux d’intérêts. En refusant d’admettre publiquement que la
BCE intervienne, comme nous le souhaitons, les dirigeants européens se privent
de la seule arme efficace".
Les économistes Alain Lipietz, Yann Moulier-Boutang et Shahin Vallée et les députés
européens Jean-Paul Besset et Daniel Cohn-Benditont
qualifiée l'abstention de la gauche au vote de l'Assemblée nationale du 21
février 2012 de « bourde historique » car « ils ont fait le choix
de s'opposer ou de s'abstenir lors du vote sur la ratification du traité créant
un outil de solidarité à l'égard des pays de la zone euro qui ne peuvent plus
emprunter »34. Selon eux, cette solidarité répond
à l'intérêt de l'ensemble des États membres34. En effet, la faillite d'un État
européen aurait pour conséquence la faillite des banques, lesquelles détiennent
les économies des particuliers, etc34. Ils considèrent d'ailleurs que la
création du MES est un premier pas vers une Europe fédérale avec son propre Trésor public et son
propre budget34. Ils considèrent qu'un mécanisme similaire
au MES aurait du être adopté dès le traité de Maastricht. Ils ajoutent que le
MES est « certes imparfait puisque fruit de compromis, mais qui se
tient : un fonds solidaire, empruntant à la place des pays ayant perdu
tout crédit auprès des marchés internationaux, avec la garantie de l'ensemble
de l'Europe »34. Enfin, ils qualifient de
« démagogues [ceux qui] refusent la création du MES, mobilisant l'émotion
créée par les plans d'austérité démentiels imposés à la Grèce en l'absence du
MES »34.
Concernant le lien entre le traité instituant le MES et le traité sur la
stabilité, la coordination et la gouvernance de l'Union (TSCG)N 2, ils rappellent que le seul lien
existant entre les deux traités est une déclaration des gouvernements survenue
le 9 décembre 2011 laquelle n'a aucune valeur légale34. Ils ajoutent que « ce
couplage ne figure pas dans les articles du traité MES », la déclaration
étant seulement évoquée dans les considérants34. Par conséquent, ils sont en faveur
de l'adoption du MES, et pour un rejet du TSCG qu'il faudrait dès lors
renégocier, ajoutant que le MES ne doit être rejeté que s'il avait été un
mauvais mécanisme de solidarité34.
En outre, l'eurodéputé vert Daniel Cohn-Bendit considère que le MES serait
« l’une des rares choses positives » que le Conseil européen ait pu
consentir32. En effet, selon lui, le MES
instaurerait une solidarité financière entre les États membres de la zone euro
qui permettrait, par la suite, la mise en place d'obligations européennes32. Selon lui, le fait d'avoir
approuvé le MES pourrait même servir à appuyer au moment de la ratification du
Pacte une réorientation du TSCG en faveur des politiques de relance qui en sont jusqu'alors absentes. En
effet, selon lui, la politique d'austérité ne permettra pas de résoudre la
situation grecque32. Il préconise au contraire la levée
du secret bancaire – qui devrait, selon lui, dévoiler jusqu'à 200 milliards
d'euros placés à l'étranger par les Grecs –, une réduction des dépenses
militaires, le développement de l’investissement dans les énergies
renouvelables et économies d'énergie, et une importante réforme de l'État
piloté à la fois par les Grecs et les Européens32.
Arguments en défaveur du MES
Allemagne
En Allemagne, certains politiciens du Parti
libéral-démocrate et
du CSU,
deux partis mineurs dans la coalition gouvernementale actuelle, sont contre le
MES35.
Eike Hamer, éditeur de Wirtschaft
aktuell, estime quant à lui36 que la souveraineté des États sera abolie de
fait, que le processus démocratique (élections) sera détourné et rendu
ineffectif, car il considère que les fonctionnaires
de l'UE décideront de
la politique budgétaire. Selon lui, ces fonctionnaires ne seront soumis à aucun
contrôle démocratique et jouiront d'une impunité totale.
L'Ifo
Institut für Wirtschaftsforschung a critiqué l'introduction du MES. Son
président, Hans-Werner Sinn, considère que le plan de
sauvetage serait une aventure incalculable pour l'Allemagne et un frein à la
croissance. Il a notamment fait valoir que l’Allemagne se portaitde facto garante des dettes des États membres
de la zone euro et qu'elle les prendrait en charge ce qui augmenterait les
coûts pour l’État allemand37. Il plaide pour la fin des aides
aux États qui en ont besoin et critique le gouvernement fédéral ainsi que le Bundestag car
il affaiblirait la demande et mettrait en danger l’euro et le projet européen38.
Autriche
Le spécialiste du droit européen d'Innsbruck, Walter Obwexer a critiqué le texte
car, selon lui, « contrairement à d'autres institutions de l'UE telles que
la Commission européenne, il n'y aura aucun contrôle parlementaire. […] Le MES
n'est, à quelques exceptions près (par exemple, la compétence de la CJUE dans
les médiations), intégré dans aucun système de contre-pouvoir. Ses travaux ne
sont ni public ni transparent »N 3. La critique d'Obwexer porte aussi
sur le fait qu'il n'y aurait pas d'examen de la part de la Cour des comptes
européenne39.
Belgique
En Belgique, une action citoyenne d'interpellation des
parlementaires nationaux sur le Mécanisme européen de stabilité a vu le jour à
l'initiative du CADTM Belgique40.
Finlande
Les partis d'opposition Vrais Finlandais et le Parti du Centre sont contre le MES.
France
Le Front de Gauche ainsi que tous les partis politiques
autres que l'UMP et le PS estiment que le MES ne serait rien
d'autre que la généralisation du schéma qui s'est produit en Grèce41,42. Les mesures d’austérité
deviendraient automatiques dès qu’une aide est accordée à un pays européen42. Le MES serait également, selon le
Front de Gauche, le symbole d’une dérive autoritaire supplémentaire de l’Union
européenne, car le MES jouit d'une immunité totale42. En effet, aucune action judiciaire
ou administrative ne peut être engagé contre le MES42. Il s’agirait ni plus ni moins
d'une remise en cause du principe de souveraineté populaire. Le Front de Gauche
demande l'organisation d'un référendum sur ce traité42.
Patrick Le Hyaric,
vice-président du groupe Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique (GUE/NGL) au Parlement européen,
directeur de L’Humanité et de L’Humanité Dimanche, estime que
le MES et le Pacte budgétaire
européen pourraient
avoir des conséquences néfastes43. Il considère que le MES n'est
« pas qu’une simple caisse d’entraide ou de secours », au contraire.
En effet, le MES a le pouvoir de demander de l'argent aux États de manière
illimitée, et l'aide éventuellement accordée à un pays en difficulté est
dépendante de l'acceptation et l'application par ce pays de toutes les
dispositions prévues dans le nouveau traité (Traité sur la stabilité, la
coordination et la gouvernance au sein de l'Union économique et monétaire, plus
communément appelé Pacte budgétaire)43. Cette dernière condition
impliquerait, selon Le Hyaric, de « pressurer les citoyens » par
l'adoption de mesures telles que le recul de l'âge de la retraite, la
diminution des salaires, la réduction des dépenses sociales, etc43. Il ajoute enfin que les Parlements
nationaux ne pourraient pas intervenir dans le processus, contrairement à
« la Commission de Bruxelles, la Banque centrale européenne et le Fonds
monétaire international qui disposent, eux, des pleins pouvoirs qu'ils ne
détiennent pas du suffrage universel »43.
Le Hyaric affirme que le MES et le Pacte budgétaire
européen sont liés44. Selon lui, l'un édicte la
politique d'austérité, l'autre conditionne l'aide du MES à la mise en œuvre de
cette austérité44. D'après lui, une manière positive
d'amender le traité de Lisbonne aurait été de modifier les missions de la
Banque centrale européenne, ce qui permettrait à cette dernière d'initier un
nouveau système de crédit44. La BCE prendrait alors à sa charge
« tout ou partie de la dette des États et prêterait directement à ceux-ci
aux mêmes taux qu’elle le fait pour les banques privées »44.
À droite, le parti Debout la République,
présidé par Nicolas Dupont-Aignan se prononce lui aussi contre le MES45. Son porte-parole, Laurent Pinsolle
le qualifie d'« anti-démocratique et antisocial »45, et trouve « délirant »
le fait qu'un dispositif engageant la France à hauteur de 142 milliards d’euros
(soit plus du double du budget annuel de l’éducation nationale) n'ait pas donné
lieu à un débat public. À l'instar des partis de gauche, Nicolas Dupont-Aignan insiste aussi sur les liens entre le
MES et le Pacte budgétaire
européen45 et appelle à la tenue d'un référendum46.
Le Front
national par la voix
de Marine Le Pen s'oppose au MES dans son colloque sur
l'Europe du 21 février 2012, considérant que le Mécanisme européen de stabilité
est « une austérité à vie » et « une prison pour les
peuples » et dénonce « un mécanisme au service des puissances
d'argent », « l'opacité dans laquelle les choses se font » en le
qualifiant de « déni épouvantable de la démocratie »47.
Pays-Bas
Geert Wilders, président du Parti pour la liberté,
s'oppose à toute augmentation ou systématisation des transferts de paiements
des Pays-Bas aux autres États membres de l’Union.
Slovaquie
En Slovaquie, le deuxième plus important parti gouvernemental, Liberté et Solidarité,
est contre la forme actuellement prévue du MES car il ne croit pas qu'il
protègera les États de la crise de la dette48,49. Le 11 octobre 2011,
le Conseil national de la République slovaque a rejeté l'amendement proposé par
55 voix « pour », 9 « contre » et 78 abstentions. Le quorum
nécessaire à l'approbation n'a donc pas été atteint lors de ce vote qui était
associé à un vote de confiance, et qui conduisit à la démission
du gouvernement.
Notes
- « Suomi ei
aio suostua sellaiseen pysyvään kriisirahoitukseen. »
- Ce traité instituerait
la règle d'or
budgétaire voulue
par Angela Merkel.
- « Im Gegensatz zu anderen EU-Institutionen, wie der
EU-Kommission, ist keine parlamentarische Kontrolle vorgesehen. Es gibt
auch keinen parlamentarischen Einfluss auf sein Wirken. Der ESM wird mit
wenigen Ausnahmen (z. B. EuGH-Zuständigkeit bei Schlichtungsverfahren) in
kein vorhandenes System der Gewaltenteilung eingebunden. Seine Tätigkeit
ist nicht öffentlich und nicht transparent. »
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